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mercredi 17 janvier 2007

Pensée subversive n°016 "Du tout et du rien"

Un chef bibliothécaire, demande à ses employés de faire un catalogue, par rayon de livres, contenant la liste des publications se tenant dans celui-ci. Comme les catalogues sont destinés à être rangés dans leurs rayons respectifs, certains employés pensent à faire figurer le catalogue dans le catalogue (le catalogue se mentionne lui-même). D'autres n'ont pas cette clairvoyance (le catalogue ne se mentionne pas lui-même).

Tenu au courant de cette situation, le chef bibliothécaire convoque ses employés, et pour rectifier la situation propose de faire un catalogue de tous les catalogues ne se mentionnant pas afin de les compléter.

Il ouvre donc un nouveau catalogue vierge, et y inscrit le titre: "Catalogue de tous les catalogues ne se mentionnant pas". Faut-il mentionner ce nouveau catalogue à l'intérieur de lui-même?

Si oui, il fait partie de la catégorie des catalogues qui se mentionnent, et donc l'inscription est inexacte.

Si non, il fait bien partie de la catégorie des catalogues qui ne se mentionnent pas, mais il est incomplet, et donc sa non-inscription est inexacte.

Ce paradoxe est bien connu des logiciens et mathématiciens sous le nom de "paradoxe du barbier", et est dû à Bertrand Russel. Il ne se contourne pas facilement, et interdit l'usage du concept d'"ensemble de tous les ensembles", sous peine de déboucher sur des contre-vérités. On peut dire ainsi qu'il y a pas une seule sorte de "tout".

Mais, notre chef bibliothécaire n'est pas content.

Puisqu'il ne peut pas demander à ceux qui ont mal fait leur travail (les auteurs des catalogues qui ne se mentionnent pas), de créer un catalogue de leurs oeuvres, il demande à ceux qui ont bien travaillé de faire le catalogue des catalogues qui se mentionnent, pour en déduire par soustraction, la liste des catalogues à modifier.

A cette fin, il ouvre un catalogue tout neuf, y indique le titre "Catalogue de tous les catalogues qui se mentionnent", y inscrit le présent catalogue, et attend que les employés viennent y ajouter le fruit de leur travail.

Le problèmes est que les employés sont réticents: ils se sont montrés prévoyants, et la seule récompense qu'ils obtiennent, c'est un surcroît de travail. Pour protester, ils détruisent en les brûlant tous les catalogues qu'ils ont créés (ceux qui se mentionnent).

Comme il ne reste plus un seul catalogue qui se mentionne, paradoxalement, le "Catalogue de tous les catalogues qui se mentionnent" est vide, et mentionne malgré tout une entrée, la sienne propre.

Si les mathématiciens et logiciens ne relèvent pas de ce second paradoxe ("il y a pas une seule sorte de rien"), c'est que le chef bibliothécaire s'est suicidé à la suite de cette affaire.

De nos jours, tous les bibliothécaires savent qu'il est extrêmement dangereux d'entreprendre un catalogue de catalogues s'il n'y a rien à y inscrire, ou encore de ne pas ajouter le présent catalogue de livres à la liste des publications qu'il contient.

Ne pas respecter ces règles provoquerait un paradoxe semblable au paradoxe temporel, auquel sont exposés les voyageurs dans le temps passé, et qui provoquerait des modifications de notre présent. C'est aussi pour cette raison qu'on répugne à envoyer des bibliothécaires dans des états où le risque terroriste n'est pas négligeable.

Vous imaginez les dégâts que pourrait occasionner un chef bibliothécaire terroriste?

Original: 20070117-00
Version: 20070224-00

samedi 13 janvier 2007

Pensée subversive n°015 "Des dieux"

Les dieux sont là pour garantir la dimension cyclique du temps face à l’angoisse suscitée par l’intuition de sa dimension linéaire.

Si le temps était cyclique, le pécheur pourrait capturer indéfiniment du poisson sans en priver la mer. L’offrande au dieu de la mer lui garantit la prospérité. Il en est de même pour le dieu du sport, celui de la technologie, ou celui de l’argent. Ils nous conservent nos points de repères dans un monde condamné à l’évolution.

Reconnaître les dieux, c’est faire preuve de respect et d’intelligence, car c’est admettre qu’il peut exister un cadre plus général dans lequel on pourrait reconsidérer notre conception de la réalité: c’est être ouvert à la science.

Les dieux ne réclament pas la foi, ils prétendent, au contraire, offrir des garanties.

Original: 20070113-00
Version: 20070224-00

Pensée subversive n°014 "Du temps"

L’évolution et la physique nous montrent une dimension linéaire du temps. La vie, elle, se nourrit d’une dimension cyclique du temps (ingurgiter/régurgiter).

Tout au mieux, le temps linéaire lui-même, ne peut-il être conçu par le vivant, que comme une sorte de cycle d’une seule période.

Original: 20070113-00
Version: 20070224-00

Pensée subversive n°013 "De l’intelligence"

L’intelligence est la faculté d’adaptation à un contexte nouveau.

Elle a toujours été présente depuis notre aïeul le plus lointain (la preuve est qu’on est là). L’intelligence a toujours été, est, et sera toujours d’ordre électro-chimique: c'est un des mécanismes les plus primitifs de l'évolution. Elle est partagée par tous les êtres vivants.

La pseudo-intelligence, monstre intellectuel lié bien plus à une «con-ingéniosité du soi» qu'à une «con-science de soi», cette «intelligence» dont tout le monde parle, n’est que narcissisme injustifiable.

Original: 20070113-00
Version: 20070224-00

Pensée subversive n°012 "De la conscience"

La conscience s’exerce «avec-science».

En ce sens, avoir conscience d'un quelconque objet, c'est simuler intellectuellement cet objet dans cet espace imaginaire que nous nommons "réalité". Elle serait ainsi la partie scientifique de l’imaginaire.

Mais dans cette «réalité-simulée», on veut y glisser notre moi: «la conscience de soi».

Pour se concevoir soi-même avec science, il faudrait, pour le moins, se distinguer du non-soi. Cela n’est possible que du point de vue de l’être qui, sans affects, considère, depuis son origine, ce qui lui est arrivé.

La conscience de soi implique la conscience du non-soi, et ne se conçoit que dans la quiétude. Sinon, que serait-ce? De la «con-ingéniosité»...?

Original: 20070113-00
Version: 20070224-00

vendredi 12 janvier 2007

Pensée subversive n°011 "De la science"

Il ne faut pas confondre la science et l'ingéniosité. La science, en tant que connaissance, remet en cause notre conception de la réalité, au profit d'un cadre plus général par lequel nous pouvons mieux comprendre les phénomènes. La science demande de la profondeur, mais la société s"en moque, elle réclame du génie.

Le génie, génial et ingénieux, se borne à sortir de sa lampe magique, et à réaliser votre voeu sans jamais en changer le contexte. Il vous permet d'exploiter le marché.

Le savant, scientifique et profond, vous fait comprendre que le marché n'a pas besoin de ce que vous voulez lui imposer!

Original: 20070112-00
Version: 20070224-00

Pensée subversive n°010 "De la foi"

Dépendant d'un passé toujours mouvant, l'homme ne peut raisonnablement pas se projeter dans le futur. Pourtant, il a toujours agit ainsi, et cette action a permis l'acquisition de ses connaissances présentes.

A part de cette foi irrationnelle dans la nécessité et l'autorité de sa propre expérience, l'homme n'a pas besoin de foi. Mais a défaut de certitudes, il a besoin de garanties.

Original: 20070112-00
Version: 20070224-00

Pensée subversive n°009 "De la connaissance"

Si la connaissance est une naissance, c'est qu'elle a modifié notre conception présente de la réalité, et qu'elle permet une ré-interprétation de notre passé sous cette nouvelle lumière.

Ainsi, notre passé évolue au fur et à mesure de l'acquisition de nouvelles connaissances.

Des événements que nous décrivions précédemment comme "réels", sont à présent traités comme "imaginaires", ou vice et versa.

Original: 20070112-00
Version: 20070224-00

Pensée subversive n°008 "De la réalité"

Ce que nous appelions "réalité" lorsque nous étions enfant, est bien différent de ce que nous appelons "réalité" aujourd'hui. Nous nous complaisons à croire que ce que nous avons enfin atteint aujourd'hui est la réalité vraie, et qu'elle sera encore vérifiable demain.

Il est bien plus raisonnable de penser que ce que nous appelons "réalité", n'est qu'une construction imaginaire, qui nous permet d'expliquer de la façon la plus rationnelle possible, ce qui nous est arrivé, et ainsi de tâcher à prévoir les conséquences de nos actes présents et futurs.

La réalité évolue constamment avec notre expérience.

Original: 20070112-00
Version: 20070407-1

mardi 9 janvier 2007

Pensée subversive n°007 "Du respect"

Le respect a pour origine la piété filiale.

On respecte ses parents, parce qu’on est fait du même bois qu’eux, et qu’ils ont pu éviter les pièges de la vie et de la mort, tout au moins jusqu’à notre naissance (mère) ou notre conception (père). Par extension, on respecte toute la chaîne de nos aïeux jusqu’à l’origine.

Par extension, on respecte toute leur descendance. Ainsi, on respecte toute vie contemporaine (depuis notre frère jusqu’à la simple bactérie), car tous ont reçu de notre ancêtre commun l’intelligence nécessaire pour traverser les épreuves qu’a subie la vie depuis son origine.

Si la sympathie pour un être se manifeste par un accord sur le mode de la quiétude, alors, on a d’autant plus de respect pour la bactérie que son chemin, depuis notre origine commune, s’est éloigné du notre.

Original: 20070109-00
Version: 20070224-00

Pensée subversive n°006 "De la quiétude"

La quiétude est le retour à l’état originel.

Tout être peut retrouver son état initial, même si les circonstances de la vie l'ont dénaturé: l'origine d'un amnésique commence immédiatement après sa perte de mémoire.

La quiétude, contrairement au bonheur, n'est donc pas liée à l'espérance. Ceux qui, comme l'auteur de ces quelques lignes, pensent que la destination de tout être est confondue avec son origine, trouveront cela particulièrement évident.

Original: 20070109-00
Version: 20070407-1

lundi 8 janvier 2007

Pensée subversive n°005 "Du bonheur"

Le bonheur est fragile car il n’est atteint qu’à certaines moments de la vie. Vouloir l'obtenir ou le prolonger, c’est l'espérer.

Le malheur n'est, en définitive, que la perte du bonheur.

Original: 20070108-00
Version: 20070224-00

Pensée subversive n°004 "De la sympathie"

Si deux cordes (même dissemblables) mises en vibration émettent des sons suffisamment proches, l’excitation d’une seule de celles-ci suffit à faire émettre, «par sympathie», un son à l’autre. Ce son sera d’autant plus puissant que l’accord des deux cordes est identique.

De même, un être peut «mettre en vibration» un autre être (même dissemblable) par sympathie si leur accord est suffisamment proche. La sympathie se constate, elle ne veut, ni n’espère, ni ne craint rien.

Original: 20070108-00
Version: 20070224-00

Pensée subversive n°003 "De l’amour"

L’amour est lié à l’espérance: si on aime quelqu’un ou quelque chose, c’est qu’on a éprouvé du plaisir à son contact, et qu’on espère préserver soit ce plaisir (par crainte de ne pas le renouveler), soit son souvenir, au besoin en renonçant à son objet (par crainte de l’altérer).

En effet, l’abnégation n’est pas la preuve d’un amour sans espérance, mais plutôt d’un déplacement de l'espérance par rapport à son objet premier.

Lorsqu’il n’y a plus d’espérance ni dans un amour ni dans son souvenir, alors, cet amour se décline au passé.

Original: 20070108-00
Version: 20070224-00

dimanche 7 janvier 2007

Pensée subversive n°002 "De l’espérance"

L’espérance est liée à la peur: ce qu’on espère, on craint ne jamais le voir se manifester.

Vivre sans crainte, c’est vivre sans espérance.

Original: 20070108-00
Version: 20070224-00

Pensée subversive n°001 "De la foi"

Je crois que ce que je crois n'a strictement aucune importance.

Original: 20070107-00
Version: 20070224-00

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Charleroi, Hainaut, Belgium
Peu m'importe de convaincre, d'être médité, compris ou même d'être lu. Il me suffit d'être publié... "Point n'est besoin d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer" (Guillaume d'Orange).