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samedi 7 avril 2007

Pensée subversive n°018 "Du pile et du face"



Lorsqu'on tire au sort par "pile ou face" (sans tricher), on a une chance sur deux pour que la pièce dévoile son côté pile, et une autre chance sur deux pour que la pièce montre son côté face.

Si on effectue un grand nombre de tirages, et qu'on note les nombres de "pile" et de "face" obtenus, ceux-ci, sans jamais devenir égaux, correspondront de plus en plus à la moitié du nombre total des tirages.

La proportion de "pile" et de "face" par rapport au nombre total, tend donc vers 50%.

Ainsi, on peut dire que si on tire un nombre infini de fois, la proportion de "pile" et de "face" sera de 50%, alors que le nombre de "pile" ne sera pas égal au nombre de "face".

Cela est dû au fait que l'erreur (en %) sera devenue infiniment faible, mais néanmoins non nulle.

Si un magicien nous donnait une pièce de monnaie conservant le "souvenir" des tirages à pile ou face qu'on lui fait subir, elle se comporterait d'une façon tout à fait normale au premier tirage, puis prendrait des états partiellement "pile", partiellement "face", pour finir dans un état moitié "pile", moitié face, au bout d'un nombre infini de tirages.

Une très ancienne pièce de monnaie "magique", ne pourrait plus servir à un "pile ou face". La modification de son état par le dernier tirage, ne seraient plus perceptible en regard de l'énorme quantité d'information accumulée au fil de tous les autres. Ceux-ci lui auraient donné une "patine" constituée d'un état moitié pile, moitié face, presque parfait, stable à échelle humaine.

Considérons ainsi, tous les tirages à "pile ou face" que tous les hommes et femmes ont fait depuis l'invention de la pièce de monnaie. Ce nombre de tirages, sans être infini, est gigantesque, et la proportion de tous ces "pile" et de tous ces "face", est donc très très très proche de 50% du total.

En d'autres termes, en tant qu'activité globale, tirer à "pile ou face" ne sert à rien, son résultat total est nul.

Pourtant, le nombre de décisions qui ont été prises de cette manière est immense. On ne peut imaginer ce que serait notre présent, si elles avaient été prises d'une autre manière: tout serait différent, mais peut-être, statistiquement pareil.

Une analogie peut être faite entre le tirage au hasard, et le vide quantique.

Lorsqu'on observe le vide pendant un laps de temps très court, on s'aperçoit que des particules apparaissent spontanément, et disparaissent tout aussi rapidement, parce que les proportions de particules et d'antiparticules sont statistiquement identiques. L'effet Casimir témoigne de ces fluctuations du vide quantique.

L'effet Casimir peut paraître "miraculeux", dans la mesure où il y a production d'un travail mécanique à partir d'une énergie qui "sort" du néant. Il y a donc "violation" du premier principe de thermodynamique.

Ce n'est cependant pas demain qu'on pourra voir des voitures rouler sans carburant. En utilisant les technologies les plus avancées, les chercheurs, parviennent à peine à mesurer l'effet Casimir avec une précision suffisante pour en confirmer la théorie.

On peut autant s'émerveiller devant le jeux de pile ou face, que devant le vide quantique: on voit surgir quelque chose du néant.

Sachant cela, le comportement des sportifs devient étonnant: pourquoi manifestent-ils de la joie quand ils gagnent, et du dépit quand ils perdent?

En effet, soit le geste vainqueur est un geste connu, répété, et il n'y a aucune gloire à en avoir été l'auteur.

Soit le geste vainqueur s'éloigne du geste appris. Dans ce cas, plus il en est loin, plus les chances de le réussir sont faibles. On se situe alors dans un espace où le hasard se fait de plus en plus déterminant. Il existe, d'ailleurs, quelque part dans cet espace, une zone où les chances sont de 50%, comme à pile ou face.

Le bon sportif devrait savoir lorsqu'il se situe dans cet espace, et devrait se méfier de sa frontière: il croit, par exemple, qu'il réussit parce qu'il connaît le geste, alors que ses chance "ne sont que" de 95%.

Dans tous les cas, franchir cette frontière, ne provoque qu'une intervention du hasard dans le résultat, ce fait devrait être source d'émerveillement, non d'auto-satisfaction ni d'auto-flagellation.

Lorsque vous jetez une pièce en l'air, vous n'êtes pas obligé de "croire" qu'elle retombera d'un côté plutôt que de l'autre. La "foi" (le "tu dois y croire!" martelé par bien des entraîneurs à leurs poulains) n'est ici qu'arrogante et superstitieuse présomption.

La sérénité et la quiétude ne sont décidément pas des valeurs enseignées dans le sport occidental!

Original: 20070406-00
Version: 20070407-1

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Charleroi, Hainaut, Belgium
Peu m'importe de convaincre, d'être médité, compris ou même d'être lu. Il me suffit d'être publié... "Point n'est besoin d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer" (Guillaume d'Orange).